Poème de Xavier, équipe du Troisième Lieu


En revenant de Nantes

J'en ai vu des visages à l'ombre des micros
Les mots ruisselants de leurs bouches
En fontaines lumineuses
En cascades jusqu'au rivage de la salle
Où les vagues du silence
attendaient l'instant des applaudissements
J'en ai vu grimper jusqu'au sommet
Chargés de sentiments
Puis dévaler la pente en hurlant en susurrant
Planer dans la vallée pour capter l'écho
De leurs plaintes
En faire des bouquets de tendresse
En inonder la ville de pétales
J'en ai vu des émotions
Se déshabiller dans le noir
Timidement au son des paroles magiques
Et s'offrir en publique et s'ouvrir le soir
Comme les belles de nuit
Comme ces étoiles grossissantes
Sur le point d'exploser
J'en ai vu des regards
Regarder dans le regard des autres pour voir
si les murmures pouvaient briser les murs
j'en ai vu des mots oubliés
aux portes de l'été
vautrés sur des transats vert et blanc
qui prenaient le soleil sur des plages
de papiers et se parlaient d'amour
en suçant des glaçons
de paroles à fondre sur les lèvres
en buvant des boissons
où l'esprit pétillait
j'en ai vu des grands méchants loups
donner des pièces aux mendiants
et faire danser les enfants
j'en ai vu des mots sortir du ghetto
et traîner dans la rue comme des bobos
j'en ai vu rire et sourire
et j'en ai vu ouvrir leurs cSurs
et leur mémoires
choisir un rythme et laisser couler
un flot d'images d'amour de joie et de tristesse
sur l'écran de nos tympans
j'ai vu les lueurs de l'aube
dans les yeux d'un enfant
dont les rayons réfléchis
faisaient pleurer les grands
j'ai vu que la chaleur des paroles
s'envolait dans la ville
que la température montait
que le Slam donnait la fièvre
j'ai vu Nantes et&. n'en suis pas revenu

Xavier

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