Peu avant 20h, le Café Mix’ Cité, au pied de la Cathédrale, respire encore la quiétude. Seules quelques affiches rappellent l’évènement qui aura lieu ce soir. Le patron des lieux met tout le monde à l’aise et nous assure d’une scène de grande qualité. En raison de l’étroitesse du café, la scène se trouve réduite à un petit espace de coin, ce qui accentue la proximité. Le micro est installé, mais on pense que beaucoup n’auront pas à s’en servir. Assis au fond de la salle, quelques poètes habitués des lieux répètent leurs gammes. Ils semblent concentrés et impatients. Le succès grandissant du slam à Troyes se confirme à travers l’accueil chaleureux réservé aux poètes venus animer le tournoi.
20h 30 : c’est la ruée. Toute la ville s’est donné le mot. Le Mix’ Cité prend des allures de lieu incontournable, où toutes les cultures se sont données rendez-vous : des cadres, des gens de passage, des étudiants, des seniors, et même des journalistes ! Après 30 minutes d’un afflux ininterrompu de spectateurs, le Mix’ Cité baigne dans une ambiance survoltée. Malgré l’enjeu de la scène, l’humeur reste bon enfant. On attend quelques coups d’éclats de la part des poètes . Et on n’est pas déçus.
21H00 : dès le début de la scène, Manu impressionne par la puissance de sa vison sociale dans un texte aux influences rap, tandis que Didier nous régale de ses vœux les plus chers pour un monde meilleur. Le jury semble prêt et aguerri, les choses sérieuses peuvent commencer.
Dès les premiers poèmes, le talent troyen se met en évidence. Cathy, une fidèle des ateliers de la Médiathèque des Chartreux titille le public avec un poème plein d’élégance et de fragilité. Puis c’est au tour de Jean-Baptiste de nous faire une démonstration de son flow hip hop, et à en juger par les vivats du public, il manie bien le mic ! Mais la sensation de la soirée vient tout d’abord de Manfred.
Avec une chronique jubilatoire sur les vices et coutumes de ces dames, il réussit à se mettre le public dans la poche. Qualifié pour la finale, il remet ça avec cette fois-ci, parité oblige, une ironie grinçante à l’encontre des « vieux garçons ». C’est à nouveau le carton plein ! Le public enthousiaste anime vivement le tournoi, lorsque retentit le nom de Matt.
Le silence se fait. Sa voix est troublante, douce et timorée. Les paroles sont amères, et le ton juste. Le public semble touché en plein cœur. Quelques regards se croisent, et on peut y lire un même jugement : ce « petit » a un talent fou. Près de 3 minutes plus tard, la salle croule sous les « 10 ! ». Et c’est bien mérité.
Alors que le tournoi touche à sa fin, le jury plébiscite l’humour corrosif d’un gentil quinquagénaire, l’émotion d’un jeune homme attachant, et l’énergie communicative de l’organisateur de la scène, Thorgal. Le tout, sous le regard bienveillant et enchanté du patron des lieux.
Il y eut aussi les interventions remarquées de quelques poètes, dont F.Gordigianie, qui parvient à envoûter le public de son verbe musical. Après plus de 2 heures de spectacle poétique, Troyes tient enfin son équipe pour le GSN.
Qualifications de Cathy, Manfred, Matt et Thorgal. Le public en redemande. On appellera çà la magie du slam…
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