20h00
Les premiers spectateurs prennent place dans le grand bar, et parmi eux, se trouvent sûrement des poètes, prêts à nous emmener sur la planète des mots. L’excitation se sent déjà, et certains sortent leurs textes pour d’ultimes révisions…
20h30
On commence avec un set de chauffe, ou par exemple, Paul nous emmène, avec ses haïkus, dans des jardins de sérénité, ou le verbe juste et la phrase concise se font précis et poétiques, Mars nous fait basculer dans un monde lointain, perdu dans les limbes de l'amour, Arthaud Rimbur, à grand renforts de jeux de mots puissant, et de phrases bien senties, nous promène sur des sentiers éthyliques, ou à peu près toutes les marques, appellations, surnoms et autres mots désignant les alcools seront cités. Claraloume nous fait part de son amour pour la vie, dans ce qu'elle a de plus vivant, Yvonne, et son chant des villes, ou le rythme et la cadence effrénés n'auront de répit qu'à la fin du poème... Bref, c'est déjà un bouquet de performances à haute teneur en poésie qui nous est offert, et nous nous régalons à l'idée que, pour la suite, les poètes vont nous sortir leurs bottes secrètes et bijoux, afin d'être sélectionnés dans l’équipe qui représentera le bar « Tongue », à Lorient.
21h30
Après une pause qui s’est fait longuette, il est maintenant l’heure de passer aux choses sérieuses. Le tableau d’affichage des scores est accroché, les poètes se sont inscrits, le public est en place, les jurys ont leur ardoise, on peut y aller.
Claraloume (cf Rennes, ELSA POPPING), poétesse d’honneur, ouvre les hostilités avec son poème arboricole, dans lequel toute une famille va vivre heureuse, dans un platane planté au beau milieu d’une cour d’école, pendant des années. Le jury se fait la main sur la prestation de la jeune femme, 26.1 au total, ça donne le ton, rien ne sera facile.
Ensuite, c’est Yvonne qui remet ça avec « le chant des villes », mais avec bien plus d’entrain et de vigueur, 25.5 pour récompenser sa prestation, et le public crie qu’il n’est pas d’accord avec le jury, mais le jury reste impassible. L’Anesse Terrienne enchaîne avec un poème scandé façon rock and roll, « hard core était la gredine » sera l’expression que j’ai gardé de sa performance… Et le jury, décidément très difficile, lui plaquera un 22, mais la balance est rajustée, au vu du public qui applaudit l’Anesse. Yann, nouveau venu sur la scène lorientaise, vient ensuite nous lire un poème d’actualité qui parle principalement des problèmes du Népal, pour récolter un 21.5, en guise d’accueil, et cette fois ci, le public semble plutôt d’accord. Mars, nouveau venu également, nous explique dans un poème assez sombre qu’il désire « oublier ce monde qui se sous-estime », dans une performance ou la monotonie transpire, et ou le spleen prend toute sa valeur… Le jury ne le voit pas ainsi, assénant un 21. Dila nous scande un texte au rythme obsédant, sur les déchets, poubelles et recyclages. Sa performance souffle le public, et le jury lui donne un 27.9, ce qui apparaît comme une très bonne note, à côté de ceux qui l’ont précédé. Saadi apporte ensuite un peu de fraîcheur avec son voisin qui écoute de la « hard tech à quatre heures du mat’ », et nous fait rire, dans sa longue tirade sur la France qui va mal. La tirade est si longue que le jeune Saadi s’en tire avec un point de pénalité pour dépassement de temps, ce qui lui donne un score final de 25.1. Thomas continue sur un ton léger avec un hymne à la fainéantise, où la fatigue, maîtresse de tranquillité, guide les pas du poète, et le jury donne un 25.5. Vient ensuite Arthaud Rimbur, qui nous gratifie d’un poème, comment dire, digestif, qui finira en cantique « aaanus dei », et un 28.5 sera accordé à la performance d’Arthaud Rimbur. Cat conclut ce set, avec un poème court, sur un ton un peu cabotin, et récolte un 25, de la part du jury.
22h45
Après une pause, on se retrouve pour la suite de la sélection, et le présentateur demande à l’assemblée présente si l’on refait passer tous les poètes du premier set, au vu du nombre d’inscrits, ou bien si l’on en prend la moitié, ce qui donnerai cinq. Le public parle, ou plutôt crie, qu’il a envie de tous les revoir passer, et de leur accorder une seconde chance. C’est donc ainsi que ça va se dérouler. Un nouveau tirage au sort aura lieu, et c’est sur cette prestation ci que la sélection s’opèrera.
Le poète sacrifié est Boyscout, avec sa prof de français aux formes avantageuses, qui récoltera un 26.1, comme note de calibrage. Arthaud Rimbur s’y colle ensuite avec « l’accélération de la laideur », un poème pamphlétaire, ou sont fustigées des valeurs contemporaines avec véhémence et force coups de voix de la part d’Arthaud. L’Anesse Terrienne nous fera un poème de prévention contre le sida, Yann continue avec un hymne à la poésie. C’est au tour de Cat, la Rimbelle du Rimbaud, de nous faire rire, avec une pièce courte, mais marquée par les applaudissements d’un public qui donne l’impression de se réveiller. Thomas, ensuite, nous balance la plaidoirie d’un petit fabricant de meubles contre les grandes firmes nordiques du prêt à monter, poème qui recevra l’approbation du jury, et du public, forts enthousiastes de concert. Yvonne, toujours dans le rythme, met à contribution gestuelle le public, pour nous chanter « la danse des essuie – glace », le public joue le jeu, mais n’est pas forcément touché par le texte, et Yvonne ne récolte pas un super score. Saadi nous fait une parodie de chasseur homophobe, fait plier la salle de rire, et dépasse encore le temps, Dila nous parle d’amour, dans une langue hachurée, elle dépasse le temps, puis Mars finit par un poème sur la fraternité qui devrait tous nous unir, mais qui ne récolte pas l’avis du jury.
Pendant qu’on effectue les calculs, Une jeune fille de douze ans, prénommée Juliette, qui a assisté à son premier slam de poésie aujourd’hui, demande si elle peut monter sur scène, avec un poème qu’elle a écrit ce soir, sur la table du bar. Elle récolte cinq dix, pour le fun.
Le bar « Tongue » est fier de vous présenter l’équipe qui représentera Lorient au Grand Slam National 2006, qui est constituée de : Arthaud Rimbur, Thomas, Dila et Saadi.
Il est 23h30, et nous avons passé une très bonne soirée, chacun parle de qu’il vient de se passer, et nous avons tous hâte d’être le 19 mai, à Nantes.
3 Arthaud Rimbur 9 9.5 8 8.5 9.1 -0.5 26.1
1 Thomas 9 10 9.8 9.1 10 0 28.9
2 Saadi 10 8.5 9 9.5 8.7 -0.5 26.7
1 Dila 9.8 9.8 9.6 9.5 9.8 -0.5 28.9
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