Ben Dover chronicle - Mercredi 29 Septembre - 19h45
A la moiteur de l’air on pouvait se douter que quelque chose allait se passer ;
la question était de savoir quand : quand est-ce que l’étincelle mettrait le feu aux poudres et si la connexion magique se ferait, si le courant continu poétique saurait électriser les âmes, savoir si la communion serait totale, la fête réussie.
Ce qui était sûr c’est que les cœurs battaient et rebattaient mots et virgules et silences ; et que les visages souriaient, dans un rictus annonciateur. ILS avaient indéniablement décidés de frapper un grand coup. Un grand coup pour une grande première, un hold-up en prose, en vers, en rime,ou pas,un coup fumant en tout cas.
Désormais rien ne pourrait plus être anodin ; pas un geste, pas un regard, pas un sourire. Chaque chose était parce qu’elle devait être ou simplement parce qu’elle ne pouvait pas ne pas être.
Nécèssité absolue d’une logique interne. La connexion se faisait effectivement, la toile se tissait, rien ne pouvait plus arrêter l’infernale machine.
Un fabuleux édifice se construisait au fil des minutes, des éclats de rire ou d’émotion, sans que personne ne semblât y prêter attention ;disons : ce qui se passait leur était aussi naturel que de respirer.
Et puis il y eu tout ces rounds et toutes ces performances et tout ces poètes, la ronde infernale des poètes ; et le public et tout ses applaudissements,ses cris,ses révoltes,ses silences et surtout, omniprésente, réinventé par nous tous présents, plus forte, plus dense que jamais, pleine d’une énergie brute et brutale, quelque part perché entre un théâtre vivant,déglingué et libéré et un rock’n’roll fougueux aux relents de punk, la Poésie au dessus de nos têtes, suspendue, dans ses bas sexy et troués.
Quant à savoir qui a gagné ou pas, peu nous importe ; l’important était que la connexion se fasse ; ce fut un certain week-end de juin de l’an deux mil quatre. ; et les corps n’oublièrent jamais l’expérience extrême d’une Poésie vivante qui les percuta de plein fouet.
Ben Dover