Mercredi 14 Avril à L'Entrepotes

Scène de présélection pour le Grand Slam National 2004 à Cergy - Jeudi 29 Avril 2004 - 22h05

Après l’Entrepôte, l’Abracadabar, et Le Bistrot de la cité à Rennes, c’est le Théâtre 95 de Cergy Pontoise qui s’y colle. Dans le même temps d'autres poètes s'affrontent Au Lieu unique à Nantes, pour la qualification des Nantais. (Article à venir) :


Jeudi 29 avril. La scène ne commencera qu’à 20h30, slammasterisée par Koân, mais à 19h15, il y a déjà du monde dans la salle. L’ambiance monte ! L’équipe du Théâtre s’active pour que la scène soit belle ; Fabrice déroule le fil du micro, épingle les affiches Slam sur le grand rideau noir, installe le tableau qui servira à relever les notes des poètes, allume les bougies et puis…il sourit.

20h30 ! La salle est pleine de poètes et de spectateurs ; il y a encore du monde à l’entrée ; je me dis qu’il y a vraiment de l’envie à Cergy ! De l’envie pour la poésie !
Les visages sont variés, des enfants, des quinquas, des jeunes, des filles… A elles deux, Laetitia et Kaly forment le numéro 55 dans leur Tee-shirt jaune flashy, elles vont dire un poème sur la scène ouverte et mettent déjà l’ambiance.

Des poètes sont aussi venus de Paris, Sania, Eliane, Mathis, Jacques Hilebrant, Shaffik… déterminés à être sélectionnés dans une équipe pour le Grand Slam. Ça fait une trotte !

Un petit tour de chauffe sur la scène ouverte ! Koân donne l’exemple. Viennent Angel Pastor puis K’trin-D. Arianne est une habituée des scènes slam à Cergy, minimaliste, émouvante, discrète. Matt et Laetitia évoquent la maltraitance des femmes, ils ont à peine 18 ans. Damien, Ludo nous parlent d’amour. Mam fend son beau visage d’un « paye ton cul », déconcerte et fait rire la salle.

La sélection commence. Trois jurés ont été choisis, ils ne connaissent pas les poètes, ils sont de la région et ne se ressemblent pas : Jocelyne, 45 ans travaille à la DDASS ; Najid, pantalon à pince, chemise impeccable, est étudiant en économie ; Kaly ressemble à un soleil noir et vend du prêt-à-porter.

Koân rappelle les régles. Tô , sélectionné dans l’équipe de l’Abracadabar joue le rôle du poète sacrifié. Et puis, c’est Ucka, tiré au sort par une main innocente, qui débute la sélection à proprement parler ! Ça tombe bien c’est un poète de Cergy.

On se souviendra de la douceur étrange de ses mots « Dans la lumière tamisée, nos âmes capillaires se mêlent… » .

Sania est le suivant. Véritable performer, il crève la scène comme on crève l’écran et nous offre un curieux entretien avec la mort « J’attrape avec toute ma virilité d’homme ce petit être » qui lui répond « ça va pas être possible, demain j’ai piscine/ quand est-ce que je t’assassine ? ».

Koân obtient un franc succès et la note de 27, 7 avec son « stylo à six coups ». Jacques Hilebrant a appris son texte par cœur et il s’est fait beau pour l’occasion, une cravate nouée autour du cou sous son pull-over. Son texte parle des oiseaux et c’est beau « Les oiseaux ne s’accouplent pas en vol Ce serait drôle Oh ! ce serait drôle »

Koabéna tarde à venir sur scène. Quelqu’un dans la salle crie « il a la trouille, il est aux chiottes ». Koabena rejoint la snène et nous fait un poème sur « le Hip » et sur « le Hop ». Lo-glas-man vient d’arriver de Paris.

Il est en retard, il est en sueur, il veut participer à la sélection. Cergy ! Ça fait une trotte je vous dis ! Koân, dans un souci de transparence demande à la salle s’il peut inscrire le malheureux retardataire. Le « oui » est massif.

Cécile, elle déchire ! Moi je trouve ! C’est une fille et elle nous parle des HLM « Tous les nique ta mère / fleurissent le bleuet / de mon jardinet ». Elle obtient 23, 6. J’aurais mis tellement plus ! Mais c’est le jeu ! Sébastien est un habitué des scènes Slam du théâtre 95. Poème politique, « idéal tuméfié », « pamphlet paraphé ».

Sébastien est un habitué des scènes Slam du théâtre 95. Poème politique, « idéal tuméfié », « pamphlet paraphé ». C’est au tour de Lo-glas-man. Vous vous rappelez ? Le retardataire. Il hypnotise la salle. « Ce soir on sort on va au Slam/Va chercher les cadavres exquis planqués dans ton placard/ Sors de ta baignoire / Enfile tes bottes/ Prends ton fouet/ On va nourrir le tigre Bébé ». Il obtient 26,80 dans un tonnerre d’applaudissements.

Olivier ! Quelle surprise ! Le texte ! La performance ! Tout est amusant ! Fantasque ! Je veux plus pour toi que les 26,7 obtenus « Y’a des soirées comme ça / où tes doigts se faufilent/ entre des rien du tout/ sur la corde raide d’un string »

Instant de grâce ! Shaffik demande aux spectateurs de le prévenir s’il dépasse les 3 minutes autorisées. Mais comme toujours, il dépasse le temps réglementaire. On a beau lui faire de grands signes, il ne les voit pas et perd 0,5 points de pénalité.

Vient le dernier poète, Mathis « Faut pas lâcher l’cochon parce qu’il a l’économie/ vous verrez qu’en 2007 lui aussi/ voudra brûler Oui-Oui ». Mathis est en forme. Mathis passe son bac cette année. Et Mathis met véritablement le feu au Théâtre 95. C’est le délire dans la salle ! Je vois un 9,8. Je vois un 10 et puis encore un 10. Si je compte bien, ça fait 29,8.

Après une courte pause, les participants de la soirée sont appelés sur scène et les scores sont :

1 - Mathis	29.8
2 - Koan	27.7
3 - Sania	27.0
4 - Lo Glasman	26,8
5 - Olivier	26.6
6 - Chafik	25.7
7 - Ucka & Mireille (ex-aequo)	25.3
9 - Sébastien	23.8
10 - Cécile	23.6
11 - Kwabena	23.5
12 - Tibo	23.3
13 - Eliane	23.3
14 - Jacques Hilebrant	21.1

L’équipe est musclée, virile, talentueuse…mais principalement formée de gens venus de paris et de genève. Pourtant, les poètes de Cergy ont assuré ce soir. Mais c’est le jeu démocratique de la scène slam et puis les jurés étaient de Cergy.

Les gagnants jurent la main sur le cœur de représenter la ville au mieux et on les croit. Echange de numéros de téléphone entre les membres de l’équipe. Ils fixent déjà une date pour s’entraîner. Ça promet, d’autant plus que le coach de l’équipe, Koân, annonce à ses coéquipiers qu’il sera le Guy Roux du Grand Slam 2004. Quelle Soirée !